Scott Slobodian réalise ses lames par la méthode du stock removal ce qui permet d’obtenir un matériau très homogène générant un dessin de trempe très régulier.
De plus, cette technique permet d’utiliser des aciers fortement carburés permettant d’accentuer les contrastes.
Il a d’ailleurs porté son choix sur le 1050 qui renferme 0.95% de carbone (ce qui n’est déjà pas négligeable).
Au début il s’est aussi servi d’acier 1060 et même 1095 plus carbures, mais aussi plus sensibles au choc thermique de la trempe à l’eau (ce qui implique un risque de cintrage ou même de casse).
Le stock removal consiste à meuler une barre d’acier au moyen de bandes abrasives de grain décroissant.
Au début, on doit s’aider de gabarit, mais avec un peu d’expérience, le coup d’œil suffit. La lame n’est plus courbée à chaud, elle le sera lors du processus de trempe (l’acier trempé du tranchant ayant tendance à s’allonger à l’inverse de celui moins trempé du dos).
Le taux de carbone important permet d’obtenir une dureté de 58 Rockwell au tranchant pour 45 Rockwell au dos.
Les duretés correspondent à celles des lames traditionnelles japonaises même si celles possèdent souvent des taux de carbone moindres. On peut remarquer en passant que la dureté d’un acier détermine de façon directe la qualité de son tranchant : au dessous de 50 Rockwell une lame n’est bonne qu’à servir de coupe papier.
La trempe est faite exclusivement dans de l’eau. Outre l’usage de cet élément traditionnel, Scott Slobodian préfère cela à la trempe à l’huile, plus douce pour l’acier, mais qui génère une ligne de trempe plus floue.
Pour obtenir une dureté sélective « tranchant dur, dos flexible », il revêt (comme il est d’usage en matière de trempe japonaise) la lame d’un enduit réfractaire qu’il lisse au niveau du dos et dont il dégage le tranchant sur 1 cm. Cette technique permet d’obtenir une double ligne de trempe à la fois complexe et esthétique. La lame étant prise en sandwich dans deux demi-cylindres d’argile, il est nécessaire de maintenir cet assemblage par un cerclage de fil de fer afin qu’il supporte la chauffe et surtout la trempe.
La lame, brute de trempe est alors polie sur des bandes abrasives fines passant de la nuance 220 au début à celle de 2000 en finition. Cette opération est très délicate car il convient de respecter la régularité des faces de la lame.
La révélation de la ligne de trempe est réalisée comme dans le cas d’un damas en utilisant du chlorure de fer.
Scott Slobodian reste fidèle à l’école de polissage japonaise qui laisse l’acier dans la pureté de la trempe sans la maquiller par un polissage sélectif argenté d’un coté et mat de l’autre. Cette technique impose donc une trempe absolument parfaite car il n’est pas possible de corriger un défaut.