LE COUTEAU DE CHASSE CUSTOM

 

Pendant très longtemps, les meilleurs couteliers ont eu leurs modèles préférés et ne s'en écartaient pas volontiers.

Puis, les choses ont petit à petit évolué, et même les industriels qui faisaient de la grande série ont ouvert un petit département "Custom" (sur commande spéciale du client).

Bref, les relations entre les couteliers et leurs clients ont évolué ailleurs que sur le plan purement commercial. Le dialogue a engendré l'apparition de couteaux plus étroitement conformes aux désirs des utilisateurs. Enfin, de nombreux couteliers, et la plupart des meilleurs, ont pris un plaisir nouveau et réel à satisfaire les goûts de leurs clients tout en les éclairant sur certains points techniques.

 

Le couteau de chasse Custom est en effet, en principe, destiné à servir effectivement sur le terrain, ce n'est pas un couteau de collection, encore qu'il puisse être recherché comme tel, en raison de la qualité intrinsèque de ses matériaux.

Ce genre de couteau n'intéresse que les chasseurs disposant déjà d'une certaine expérience de l'utilisation du couteau à la chasse et qui ont ainsi appris à savoir ce qu'ils voulaient d'un couteau et quelle forme ce dernier devait avoir pour satisfaire leur désir.

En matière de couteau, les formes de lames performantes dans les différents domaines de la préparation du gibier sont connues depuis très longtemps.

 

Il y a trois étapes à suivre:

vider le gibier, le dépouiller et le dépecer (c'est-à-dire le découper en morceaux):

 

-pour vider: la pointe ne doit pas accrocher les boyaux, ce qui avantage nettement la pointe surbaissée-ou drop-point

-pour dépouiller et dépecer: il faut une ligne de tranchant ventrue ce qui donne, cette fois, l'avantage ux pointes relevées-ou upswept-point-.

 

Il existe, bien sûr, des formes qui réalisent la synthèse des deux types de lames. Il faut aussi remarquer qu'un bon nombre de chasseurs restent attachés à la classique lame droite, ainsi qu'à d'autres dessins qui évoquent celle d'une griffe de grands carnassiers comme par exemple,  "La griffe d'Ours" de Jean-Victor LEFAUCHEUX dont la forme, très performante, remonte à plus de deux mille ans, et était employée par les Scythes.

 

Mais le seul plan technique n'explique pas entièrement le choix du couteau Custom. Il y a aussi le coup de cœur, le coup de foudre, l'envie subite et irrésistible d'envoyer un couteau nouveau, de tester un dessin insolite. Bref, de s'instruire en essayant de se faire plaisir, tout en entretenant une relation enrichissante avec ces hommes, tous uniques, que sont les couteliers.

La question de la forme de la lame, si elle a son importance, porte sur quelques points au sujet desquels l'espèce humaine a fini par tomber d'accord. Mais la discussion reste, et restera sans doute encore longtemps, ouverte en ce qui concerne le choix des matériaux de la lame et du manche.

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Faut-il choisir un acier forgé ou non?

Si l'on penche pour l'acier carbone classique, on peut légitimement préférer une lame forgée.

Dans le cas de l'inox, la forge ne s'impose pas

 

Enfin, il reste le Damas nécessairement forgé. Si la beauté d'une lame Damas demeure indéniable et atteint les sommets de l'art, on ne peut pas en dire autant de la qualité de son tranchant. La lame Damas coupe certes, mais moins bien qu'une lame en acier homogène carbone ou inox, et elle tient la coupe moins longtemps.

Ne perdons pas de vue non plus, que ce qu'on nomme "Damas" de nos jours n'est pas le nom porté, il y a mille ans, et que l'on a jamais retrouvé le vrai Damas en acier Wutz, qui était un Damas de fusion, tandis que celui d'aujourd'hui est un Damas de soudure.

Néanmoins, l'attrait du "beau" reste puissant et les Damas de Pierre REVERDY, d'Henri VIALLON et de Daniel VALLY, pour ne citer que quelques Français, sont magnifiques.

 

La comparaison entre l'acier carbone forgé et l'acier inoxydable, nous semble sans objet. C'est une affaire de goût. Les deux sont excellents. Le non-inoxydable demande plus d'entretien, c'est tout.

L'acier carbone prend à l'usage, une superbe patine où les bleus et les tabacs brossent de merveilleux tableaux impressionnistes et il n'est pas jusqu'au nettoyage périodique de la lame qui ne soit un véritable plaisir pour qui sait l'entreprendre avec patience et le savoir-faire indispensable en la matière.

D'un autre côté, une lame qu'il suffit de laver et d'essuyer, présente aussi ses avantages et il existe maintenant d'excellents aciers inoxydables, comme par exemple l'ATS 34.

 

Mais aujourd'hui, le gros avantage du couteau Custom par rapport aux couteaux industriels de grandes séries réside dans la relative douceur de son prix. L'autre versant attrayant du couteau Custom aujourd'hui est représenté par la rencontre entre l'amateur et le coutelier. Il y a la forme, les matériaux, mais aussi la conception et la philosophie qu'elle suppose et implique.

 

Le couteau est le plus ancien outil utilisé par l'homme. Sans son tranchant, rien dans le monde qui nous est devenu familier, ne serait venu à l'existence. Seul, un petit nombre de nos contemporains a conscience de tout ce que l'homme doit au tranchant.