L’Aubrac est riche d’histoire, mais aujourd’hui nous nous penchons sur l’histoire de couteliers passionnés à l’origine du célèbre couteau Laguiole et de son abeille, reconnaissable entre mille.
Partons à la découverte de couteliers, de fils, de neveu ou d'oncle qui prennent la relève, c'est l'histoire de familles entières qui ont façonné de leurs mains, de leur talent et de leur cœur le couteau Laguiole que vous connaissez.
Quelques dates qui importantes dans la coutellerie Laguiole.
La fameuse lame Laguiole, sa fabrication, le style de son manche sont issus d’un longue histoire française qui commence au début du 19e siècle en Aubrac.
C’est sous la paix durable du règne de Charles X que s’installent les premiers couteliers à Laguiole!
En deux ans la célèbre ville des couteaux voit s’installer Casimir Antoine Moulin né en 1809 à Saint -Geniez-d’Olt et Jean Antoine Glaize… Viendra ensuite Pierre Jean Calmels en 1829 alors qu’il n’a que 16 ans !
Durant ce siècle, le village d’Aveyron voit le nombre de couteliers augmenter au fil des ans : Louis Rascalou, les frères Joseph et Jean Mas, Joseph Pagès… Tous ont œuvré à la fabrication du couteau à l’abeille en France.
En plus des couteaux fermant - pliant (le poche arrivera plus tard), ils fabriquent aussi les couteaux de table, les couteaux de mariage ou de cuisine.
En 1860, les statistiques sous Napoléon III indiquent une production de 2000 couteaux pour 16 couteliers (800 ciseaux et outils divers) – chiffres probablement sous-évalués par les déclarants !
La plus ancienne famille de couteliers de Laguiole : La Coutellerie Moulin.
Casimir Antoine Moulin s’installe comme coutelier en 1828 à Laguiole. Cette année-là marquera aussi la naissance de son fils François Moulin qui lui prêtera main forte dans son art jusqu'en 1850. À cette période, la famille Moulin déménage à Saint Côme d'Olt pour fonder sa propre coutellerie.
La tradition se transmet de père en fils en Aubrac, ainsi François transmet la passion de la coutellerie à son propre fils qui l'aidera comme il l'a fait jadis avec son père et ce jusqu'en 1896.
La maison Moulin produit sans relâche des laguioles forgés main et vend aussi des laguioles « à sa marque » fabriquée à Thiers.
La page se tourne quand François Moulin deuxième du nom cessera la coutellerie vers 1911.
La famille Glaize : les précurseurs.
Lancée par Jean Antoine Glaize, cette maison a commencé son aventure en 1829 alors que le coutelier n'a que 19 ans.
Faute de descendant, c'est son neveu Jean François qui l'aide et qui prend sa succession en 1870, il se fera lui même aider par un garçon coutelier Joseph Mermet dans les années 1880.
La Famille Glaize sort des sentiers battus...
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La sous-traitance à Thiers.
Les couteliers de Glaize seront les premiers à faire sous-traiter leur production à Thiers dès 1889. Il peut s’agir de pièces telles le ressort, la lame à cran, la mouche ou certains couteaux.
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Une méthode de forge atypique.
Alors que les couteliers de Nogent ou de Châtellerault eux pratique l’émouture de leurs couteaux assis, Jean Léon Glaize (dit « le Glaizou ») décide lui de réaliser l'émouture allongé sur une planche au-dessus de sa meule dans son atelier, comme à Thiers.
Il change aussi la méthode de trempe de ses lames : il les plonge désormais dans de l'huile d'olive pour pallier le manque d'eau de la source la Violette qui s'est tarie. Il assure que l'huile assure une meilleure qualité de trempe que celles des eaux des sources voisines.
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Un manche novateur.
C’est Leon Glaize qui fabrique le premier Laguiole au manche en aluminium alors qu’il combat pour la France dans les tranchées. C’est sur le manche de ce couteau qu’il ajoutera ensuite un tire-bouchon à la demande des aveyronnais devenus cafetiers à Paris après la fin de la guerre.
La Famille Calmels – première médaillée de Laguiole.
Pierre Jean Calmels est né en 1813 à la fin du règne de Napoléon 1er. Il commence dès l'âge de 16 ans son activité coutelière.
Il recevra une médaille d'argent en 1868 pour récompenser la qualité de ses couteaux, c'est le 1er coutelier de Laguiole à recevoir cette distinction.
L'histoire raconte qu'il serait l'inventeur du couteau Laguiole yatagan. Son descendant Jules Calmels, lui qui a orné les couteaux de la célèbre abeille, participera de façon majeure à la renommée de la marque de ses aïeuls. On lui doit notamment l'impression de superbes catalogues illustrés de gamme de couteaux en 1898 et 1907. On peut y admirer les lames de tailles différentes, des manches gravées de croix, de couteaux de table élégants ou des couteaux pliant à cran d’arrêt.
L’entreprise familiale située à Rodez fonctionne toujours, il est tenu par l'une des filles Calmels qui perpétue encore et toujours le savoir-faire de sa famille, cher à la Région de l’Aubrac.
Si aujourd’hui Laguiole est toujours une village synonyme de coutellerie on le doit grâce à la famille Calmels qui ont continué à fabriqué des couteaux de très bonnes qualité au village. Les produits de série eux étant achetés dans les ateliers de Thiers.
Petit focus aussi sur une famille moins célèbre mais à laquelle le village d’Aveyron doit sa réputation : la famille Glandières. Léopold Glandière ouvrira sa coutellerie en 1938 à Laguiole et transmettra aux nouveaux couteliers l’art et le savoir-faire de la coutellerie Pagès jusqu’en 1985 !
Découvrir les trésors de la coutellerie : le musée de Thiers.
Quel animal orne le couteau Laguiole ? Quels sont les vrais couteaux Laguiole? Vous découvriez les méandres et les anecdotes du fameux couteau aveyronnais au musée de la coutellerie à Thiers.
Vous y découvrirez pourquoi la croix a fait son apparition sur les manches des couteaux, l’évolution de la forge, comment fonctionne une meule, la mouche dans tous ces états, l’origine du couteau de poche avec tire-bouchon et les secrets de la lame damas…
Retrouvez aussi encore plus d'histoire et de récits de familles de couteliers entre les pages du livre de Christian Lemasson «l’Histoire du Couteau de Laguiole » aux Éditions de la Montmarie ([email protected]).
Découvrez aussi l’histoire des couverts de table dans un autre de nos articles.