Sérieux, c’est le mot qui semble le mieux définir ce coutelier américain. Une allure austère, un homme peu prolixe, mais des couteaux qui parlent pour lui. James SCHMIDT est un artisan du renouveau de la coutellerie d’art. D’ores et déjà, il a apporté sa pierre à l’édifice, et ce n’est pas par hasard si ses pairs le tiennent pour l’un des meilleurs. James SCHMIDT est présent dans toutes les grandes collections.
Avant d’entrer en coutellerie, en 1975, James S avait déjà passé une bonne partie de ses loisirs à fabriquer pour des tireurs et des chasseurs, des reproductions d’armes à poudre noire à silex. Et des loisirs, son métier de professeur dans un lycée technique de l’Etat de New York, lui en a laissé assez pour qu’il n’ait pas à devenir coutelier à plein temps. Autant dire que lorsqu’il s’attaque à son premier couteau, il a une idée certaine de ce qu’ajustage et précision veulent dire. Ses premières lames seront réalisées par émouture. Dés ses débuts en coutellerie, il rencontre BILL MORAN, qui l’initie à la forge, il aurait pu plus mal tomber ! Le maitre trouve l’élève bon, « trop talentueux et inventif, pour ne pas devenir forgeron » pense BILL MORAN. Mais paradoxalement, ce n’est pas ce dernier qui inculque à James S les premiers principes de l’élaboration de l’acier damassé, mais Jimmy FIKES. Outre celles de ses deux maitres, il reconnait volontiers avoir subi les influences de Henry FRANCK, Bob LOVELESS, Herman SCHNEIDER, Fred CARTER, William CRONK et Ron LAKE…
A une époque, ou la plupart de nos couteliers européens jouent encore au hochet, la coutellerie américaine existe, et James S intègre en 1977, puis l’américain Blade SOCIETY, dont il est maitre forgeron depuis 1980. Il se fait connaître d’abord par ses dagues d’inspiration européenne, puis, très rapidement, James S s’attaque aux couteaux fermants, un genre dont il devient l’un des plus grands spécialistes.
James Schmidt propose également une gamme restreinte de couteaux droits d’inspiration méditerranéenne et moyen orientale, ainsi que de très luxueuses dagues à deux quillons.
Chaque couteau est parfaitement ajusté, rien n’est laissé au hasard. James Schmidt n’utilise que son propre damas. « Parce qu’au moins, je sais ce qu’il y a dedans ! ». De plus, seuls des matériaux naturels, soigneusement sélectionnés chez les revendeurs spécialisés : les différentes nacres d’huile perlière et d’ormeau aux reflets irisés, le bois des cerfs sambar indiens. Il en manipule chaque année des milliers de pièces, afin de trouver les meilleures. James Schmidt aime être surpris par la brillance inhabituelle d’une nacre, par la translucidité d’une écaille blonde…
Tout ceci concoure à placer James Schmidt dans le peloton de tête de la coutellerie mondiale.
Si vous demandez à James Schmidt quels sont les quelques couteliers qu’ils considèrent comme étant les meilleures dans leur genre, il répondra sans hésiter : « il convient d’abord de distinguer les couteliers qui ne forgent pas de ceux qui forgent. Chez les premiers, dans le domaine du couteau pliant, je reconnais comme maître coutelier, Ron Lake, Mickael Walker et Henry Franck. Pour les couteaux droits, Buster Warensky, Wolfgang Loerchner et Steve Johnson. Chez les forgerons, pour les couteaux droits, je reconnais Rob Hudson, Don Fogc et Virgil England ».
James Schmidt est un coutelier sans concession, et chaque couteau qu’il entreprend de fabriquer, doit avant tout lui plaire à lui. Aussi refuse-t-il une commande de qui l’écarterait trop de son style habituel, préférant orienter le client vers tel ou tel coutelier plus apte, selon lui, à l’honorer. D’une façon générale, il trouve très inconfortable de travailler d’après le dessin d’un client, et préfère proposer un croquis s’approchant des spécifications de ce dernier, mais d’après ses propres paramètres. Ensuite, tous deux en discutent.
« Ce n’est pas moi qui décide quand un couteau est terminé, mais c’est lui qui me dit lorsqu’il l’est »
James A. Schmidt