Sa passion des couteaux a toujours été parallèle à celle la sculpture avec à ses tous débuts, une préférence marquée pour le couteau Laguiole. Richard Bruyère a de tous temps fouiné inlassablement dans les puces et autres brocantes à la recherche de « son couteau custom » avant même que ce terme existe. Ses recherches ont d’ailleurs alimenté une petite collection ou, bien entendu, le Laguiole ancien est à l’honneur. Et bien sûr, l’idée d’en sculpter un est venue tout naturellement.
Après la réalisation des manches, les lames ont vite suivi et le temps passé sur les couteaux a bien vite envahi tout son temps libre et même petit à petit débordé sur la partie sculpture traditionnelle. Il utilise uniquement des matières et matériaux naturels pour ses manches : cornes diverses, os, bois de cerf et bois de renne, bois exotiques et précieux, oosic avec une attention toute particulière à la patine. Pour ses lames, il utilise le plus souvent du damas des forges du Daillens.
Certaines de ses réalisations coutelières peuvent être regardées comme des scuptures (abstaites) tellement la silhouette, l’harmonie des proportions ,l’accord manche-lame sont parfaits. Sa recherche actuelle est d’ailleurs de trouver cette harmonie avec des figures figuratives…Pour lui, le couteau se fait tout d’abord dans la tête avec une vision globale puis est affiné sur le papier (dessin) et peut encore évoluer ou changer pendant la sculpture, par exemple la forme particulière d’une corne ou d’une dent de phacochère peut déterminer la silhouette que la lame viendra prolonger. Autre approche : la forme du couteau est déjà déterminée ( par exemple un couteau de Laguiole) et une sculpture vient tout naturellement s’y intégrer, le challenge étant dans une taille restreinte et avec des impératifs précis de solidité, de poids, d’ergonomie, de système pour les pliants, d’émouture et bien entendu d’efficacité, de faire un objet harmonieux et unique qu’on pourra indifféremment appeler sculpture tranchante ou couteau sculpté suivant le point de vue et l’usage de l’acheteur potentiel. En fait il réalise chaque couteau pour lui même et a souvent beaucoup de mal à s’en séparer. « Les couteaux parlent d’eux mêmes pour le plaisir de tous »
Interview réalisé par Mr Réniez
25 mongin ivoire morse fossile 16cm lame 7cm