La quête identitaire semble être le maître-mot pour tous les artisans de Corse, et les couteliers n’y échappent pas, qu’ils soient natifs de l’île, ou bien « importés » du continent. Contrairement à d’autres régions de France, la corse n’a pas eu à s’inventer un couteau traditionnel, il aura simplement fallu que quelques passionnés fouillent dans le passé de leur pays, pour qu’il renaisse sous une forme très proche de celle des « culteda di Niolu », « cultedda d’Ascu », « temperinu », « runchetta » et autres « cultedda pittutta », les couteaux pliants qu’utilisait une population composée majoritairement par des bergers, des agriculteurs et des pêcheurs. Il est en effet, aujourd’hui, admis, que le couteau traditionnel corse, était, est, et restera, un couteau pliant, « à la capucine », à un ou deux clous. Le stylet, quant à lui, servait à imposer le respect (« porta rispettu ») et, au besoin, ôtait la vie, à l’occasion des terribles « vendetta » qui ont obscurci l’histoire de la corse, décimant des familles entières.
Le Vendetta en os par Thiers Issard | Le Vendetta en corne de bélier par Thiers Issard |
Les bergers se servaient de leur couteau pour sculpter des objets usuels, et notamment, les colliers porte-cloche des béliers, des cuillers, des gobelets, etc…La pointe galbée servait alors de gouge, tandis que le dos de la lame servait de tarabiscot (un outil de marqueteur, permettant de tracer des lignes parallèles au bord d’un objet, dans lesquelles ils incrustaient les filets : d’ou le terme « tarabiscoté »).
Le Vendetta en bois d'olivier par Arto |